RADIO TOMISA - NGOMA YA KIKWIT

Section : Article 4

Présentation
En 1996 une radio était née dans la ville de Kikwit au Kongo (RDC). Elle avait pris le nom de Tomisa. Ce nom en langue Kikongo est une invitation, un appel permanent, au progrès, au développement, à l’amélioration dans tous les domaines. En effet la radio se voulait communautaire et ouverte à tous. Pour cela elle avait fait le choix d’une seule langue pour tous les programmes, à savoir la langue Kikongo, et d’un public-cible, les femmes et les enfants. Pour la production régulière de ses programmes elle avait opté pour le service bénévole et avait réuni pour ce faire toutes les forces vives de la ville ouvertes au progrès parmi lesquelles l’Université et les Instituts supérieurs, les Associations, les Congrégations religieuses et les services publics de l’État. Ainsi plus d’une centaine de personnes intervenaient au quotidien pour la production et la réalisation des 65 programmes différents.
La diffusion journalière des programmes dont la plupart étaient préenregistrés durait 3 heures, soit de 18h à 21H. Aussi afin de permettre à tous les programmes d’être diffusés et pour rendre la radio attractive et attrayante, les programmes furent repartis en quatre semaines, A, B, C, D. Quelques programmes étaient quotidiens notamment le journal parlé, les messages et communiqués, la publicité et la prière du soir.
Grâce à cette programmation intelligente, la radio connut dès le départ un engouement du public et devint très vite la voix autorisée de toute la ville au détriment de la rumeur qui régnait auparavant. Le succès de Radio Tomisa était aussi dû au fait qu’elle était arrivée dans un environnement propice après l’apparition de la terrible épidémie de la Fièvre hémorragique virale du nom d’Ebola qui avait touché 240 familles avec 248 décès et 727 orphelins. Radio Tomisa, installée deux ans après la terrible épidémie, avait comblé le vide informationnel qui régnait dans la ville de Kikwit il n’y avait à l’époque aucun media de masse (radio, télévision, journaux), ni aucune communication téléphonique.
C’est ainsi que Radio devint le téléphone public, la boîte à lettres commune et la voix de tous les sans voix.
Toute parole sortie de Radio Tomisa faisait foi. Elle pouvait donc mobiliser la ville et l’orienter vers des activités d’intérêt commun. Cela arriva quand les troupes de l’AFDL prirent d’assaut la République et mirent en déroute celles du pouvoir en place. Dans leur fuite ces dernières pillaient et violaient, laissant la population dans le désespoir total. À Kikwit, la population s’organisa et mit en place une structure d’auto-défense consistant à se protéger ensemble contre les militaires désordonnés. Et pendant deux semaines, la ville tint bon. Il n’y eut ni pillage, ni exaction, ni viol des femmes dans la ville jusqu’à l’arrivée des troupes de l’AFDL qui trouvèrent une ville pacifiée et calme contrairement à bien d’autres villes de l’Est et du Centre du pays.
Cet exploit inédit, la ville le devait à sa radio, baptisée par la population de « Ngoma ya Kikwit – Tambour de Kikwit ». Sur ce même volet de mobilisation, un autre exploit réussi par Radio Tomisa fut l’organisation d’un Festival culturel multiethnique à Kikwit du 03 au 07 novembre 1999. Toute la ville, réunie au stade, vibra au rythme des conférences au Temple de Pungu, des musiques traditionnelles et des saynètes explicatives. Ces deux événements ont fait la renommée de Radio Tomisa et l’ont définitivement ancrée dans la ville de Kikwit dont elle demeure le symbole.